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Saint-Etienne : les murs et les détenus craquent
Perpétuellement surpeuplé, le centre pénitentiaire de Saint-Étienne se distingue par son exiguïté et son insalubrité. Dysfonctionnements et tensions émaillent par ailleurs le quotidien des ...
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En mai 2021, Hakim subit une fouille à nu dans les douches de la prison de Saint-Étienne. « Le surveillant m’a amené aux douches, m’a demandé de me déshabiller, d’ouvrir la bouche et de faire une flexion. J’ai refusé la flexion. Le surveillant m’a alors plaqué contre le mur et étranglé, tout en déclenchant une alarme. Des renforts sont arrivés. Je n’arrivais plus à respirer, je me suis débattu. » Un certificat médical, établi le jour des faits, atteste de la violence de l’intervention du surveillant. Dermabrasions au niveau des épaules, des bras et des omoplates, hématome et douleur et niveau de l’épaule droite, et surtout traces d’hématomes de 7cm de longueur sur 1 à 2 cm de large au niveau du cou sont relevés par le médecin, qui délivre un déficit fonctionnel temporaire de deux jours. Placé au quartier disciplinaire de manière préventive, Hakim passe ensuite en commission de discipline. Les faits s’étant déroulés dans les douches, aucune image de vidéosurveillance n’est disponible. Mais même lorsque les faits se déroulent sous l’oeil des caméras, « il est rarement fait usage de la vidéosurveillance lors des procédures disciplinaires et les images ne sont jamais mises à la disposition de la personne détenue ou de son conseil », comme le souligne le CGLPL. Condamné à vingt jours de quartier disciplinaire, dont quatorze avec sursis, Hakim est alors enfermé dans une cellule où « il y avait de l’urine partout, au sol et sur le matelas ». En 2019 déjà, l’équipe du CGLPL avait remarqué « une forte odeur d’urine dans les couloirs » du quartier disciplinaire. Elle notait également que « le placement préventif en cellule disciplinaire serait parfois émaillé d’un recours à la force non nécessaire et à des situations humiliantes, notamment l’obligation pour la personne détenue de se mettre à genou avec la tête sous lit, le temps que les surveillants sortent de la cellule ». Laissé au quartier disciplinaire avec pour seul objet une couverture sale et uniquement vêtu d’un short et d’un t-shirt, Hakim portera finalement plainte auprès du procureur de la République en juin 2021, pour « violences et traitements inhumains et dégradants ».
Une autre affaire est arrivée récemment entre les mains du parquet de Saint-Étienne. En février 2021, Laurent aurait été victime de violences dans le cadre d’une fouille intégrale qui aurait dégénéré. Invoquant « l’usage de la force strictement nécessaire » et expliquant que Laurent « l’avait insulté tout en le repoussant au niveau du torse », le surveillant mis en cause aurait asséné plusieurs coups de poing au visage de Laurent. Un certificat médical, établi deux jours plus tard par le service de médicine légale, mentionnera une incapacité totale de travail de dix jours en raison d’une fracture du nez et d’une possible fracture du larynx. Une plainte a été déposée en mars, et le surveillant mis en cause dans cette affaire devrait être entendu par le tribunal correctionnel à la fin du mois de septembre.
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